Inspiré des conditions d’incarcération des Palestiniennes dans les prisons israéliennes, ce film de fiction de Mai Masri était projeté à Wittenheim, ce vendredi 23 mars en solidarité avec les 7000 prisonniers politiques palestiniens détenus essentiellement dans 18 prisons situées en Israël et quelques centres de détention dans l’enceinte de colonies.

Quelques chiffres, documentés par l’Autorité palestinienne, des O.N.G palestinienens et israéliennes, les contacts direct avec la société palestinienne, ont été rappelés à l’issue de la projection:

Peu de familles palestiniennes n’ont pas eu au moins un de leurs membres emprisonné depuis 1967 et on peut estimer que le taux d’incarcération actuel en Palestine au regard de sa population est le plus élevé au monde.

Depuis 2000, 15 000 femmes et 10 000 enfants (rapporté à la population française ce chiffre représenterait plus de 120 000 enfants) ont connu ou connaissent encore les prisons israéliennes.

61 femmes, plus de 300 enfants (qu ‘Israël s’autorise à détenir dès  12 ans) , 12 élus du Parlement palestinien sont  actuellement incarcérés.

Au moins 1.000 prisonniers ne sont pas comptabilisés car détenus « à titre provisoire », en particulier suite aux événements du mois d’août à Jérusalem.

Les procédures juridiques existent

Le régime des détentions est réglé par des ordres militaires au premier niveau comme en appel.

Les condamnations sont lourdes et la plupart des prisonniers comparaissent sans défenseur (source: Yesh Din, ONG israélienne  citée par le quotidien le Monde le 8 janvier 2008).

Les condamnations sont démesurées (peines de 2 à 5 ans pour le tiers des enfants, 500 condamnés à vie, 466 à des peines de plus de 20 ans…).

Passés les 6 mois et 12 jours légaux de durée maximale de détention  sans début d’une procédure ou remise en liberté, les prisonniers palestiniens peuvent faire l’objet d’une détention administrative: environ 500 hommes, femmes, enfants, militants d’ONG palestiniennes, figures de la société civile, acteurs de la résistance pacifique,  sont à ce jour victimes de cette disposition qui permet leur détention sans charge ni procès durant 6 mois…. renouvelables indéfiniment pour raisons de « sécurité ».

Les conditions de détention ont abouti à de fréquentes grèves de la faim, dont celle qui s’est terminée en mai 2017 où près de 900 prisonniers ont refusé de s’alimenter durant plus de 40 jours. Il a fallu la pression de la « rue arabe » et… le refus de l’ordre des médecins israélien pour que le « nourrissage forcé  » ne soit pas mis en oeuvre, que l’essentiel des revendications des détenus, uniquement humanitaires (accès aux soins, droits de visite des famille, sanitaires…) soit satisfait.

Pour 2 ONG israéliennes , B’Tselem et Hamoked, plus de 85% des prisonniers ont été et sont toujours victimes de mauvais traitements, voire d’actes documentés qualifiés juridiquement de tortures…).

Plus de 400 arrestations de personnes arrêtées depuis 2015 selon certaines sources l’on été été pour publications sur Facebook.

Une situation carcérale qui se détériore au fil du temps…

 Le film décrit des situations de ce type mais dans le contexte de 1982, guerre du Liban et massacre de masse  de civils palestiniens à Sabra et Chattila.

Il permet de comprendre une situation carcérale qui n’a cessé depuis de se détériorer, une situation où les ONG israéliennes sont elles – mêmes mises en danger et poursuivies par le gouvernement israélien.

Les cas de prisonniers emblématiques, discuté lors du débat qui a suivi la projection, ont montré  que la poursuite et l’amplification de cette  politique de l’enfermement massif, de la stratégie du harcèlement, de la politique de maintien dans l’insécurité permanente s’est fortement aggravée depuis 1982.

Elle est de fait devenue une dimension fondamentale de la politique de colonisation systématique et de « sociocide  » (Stephane Hessel) mise ne oeuvre par l’Etat israélien.

Ahed Tamimi, 17 ans à peine, condamnée à 8 mois de détention il y a quelques jours pour avoir giflé un des soldats qui pratiquent raids et intimidations avec les colons depuis 10 ans dans son village de Cisjordanie.

Son cousin, du même village venait d’être gravement blessé à la tête la veille par un tir à balle « rubber bullet » (métal enrobé de caoutchouc). Jean Piere Filliu, universitaire  français connu et reconnu, vient de faire publier un article dans le quotidien le Monde il y a trois jours à peine sur ces événements.

Marwan Barghouti, acteur majeur de la 2ème Intifada, en prison depuis 16 ans et leader reconnu de la grande grève de la faim précitée, s’est vu signifier, il y quelques mois l’interdiction de visite de sa femme pour une période de plusieurs années, marquant ainsi le peu de cas  que font les autorités israéliennes des accords signés en mai  2017.

Salah Hamouri, avocat franco – palestinien, est en détention administrative (sans charges signifiées ni procès donc) depuis 6 mois, reconduits récemment pour 4 mois, sans que le gouvernement français puisse (veuille?) obtenir sa libération.

Dans la fiction qu’est le film tout est en fait réel et quotidien pour les Palestiniennes détenus en 2018:  rapports de force et intimidation des gardiennes israéliennes, utilisation de détenues de droit commun israéliennes pour faire pression sur les détenues politiques palestiniennes, chantage sur l’héroïne qui vient d’accoucher – menottée –  en prison pour qu’elle « coopère » ou se voit privée de son enfant, utilisation des gaz pour mater la révolte des prisonnières, brutalités quotidiennes…

Projeté en ouverture du festival du film palestinien, libanais et  syrien les 6,7, et 8 avril au cinéma Bel Air de Mulhouse, 3000 nuits est un film sur l’espoir puisque l’héroïne qui a évolué au cours de sa détention de la résistance intime à la résistance collective sera libérée dans le cadre d’un échange de prisonniers, ainsi que la résistante palestinienne libanaise qui mène la grève de la faim dans la prison.

Le  travail de la réalisatrice pour souligner l’espoir se voit tout au long du film et l’enfant de l’héroïne se nomme « Nour » (lumière)…..

 C.R

Les 6, 7 et 8 Avril – Cinéma Bel Air – Mulhouse

Un cycle de cinéma Liban/Palestine/Syrie

Vendredi 6 avril – 20 h

C’est un échange vif comme il en existe tant. Une réplique blessante qui en appelle une autre. Une tension qui monte à vitesse grand V avant que, généralement, les esprits finissent par s’apaiser et que tout rentre dans l’ordre. Sauf que l’altercation qui ouvre L’Insulte ne se déroule pas dans n’importe quelle ville et n’oppose pas n’importe quels individus. Elle a lieu au cœur de Beyrouth et implique un nationaliste chrétien et un réfugié palestinien (Kamel El Basha, primé à Venise). Une histoire de travaux de restauration mal ficelés, une insulte balancée par le chrétien au Palestinien – « Sharon aurait dû vous exterminer » – et une demande d’excuses, qui ne viendront jamais. Point de départ d’un procès qui embrasera le pays tout entier en ravivant des plaies mal cicatrisées. Celles de cette guerre civile qui a causé plus de 200 000 victimes entre 1975 et 1990.

Débat animé par l’association France Palestine Solidarité Alsace (Christian Rubechi, Bureau national AFPS)

Samedi 7 avril – 18 h

Hope in the Bottle – De l’espoir dans une bouteille

Produire de l’huile d’olive en Palestine, c’est comme jeter une bouteille à la mer et pourtant cette bouteille, comme un miracle en terre sainte, peut arriver à bon port… Une fois tous les barrages passés. Hope in the bottle, dans un road movie, suit le voyage tumultueux d’une bouteille d’huile d’olive en Cisjordanie.

Le film s’attache aux paysans palestiniens qui tentent d’avoir une agriculture pérenne et une économie viable malgré les difficultés de passage liées à l’occupation. En suivant les périples de cette bouteille, nous allons à la rencontre de la Cisjordanie et des Palestiniens, dans leur vie, leur quotidien, une manière de montrer comment la vie l’emporte sur cette terre déchirée.

Débat animé par l’association France Palestine Solidarité Alsace (Guy Peterschmitt, responsable national pour l’importation des produits palestiniens diffusés en France par l’AFPS)

Samedi 7 avril – 20 h

The taste of cement – Le goût du ciment

Chaque jour, des ouvriers syriens construisent un gratte-ciel dans le ciel de Beyrouth. Chaque nuit, un couvre-feu leur impose de s’enfoncer dans leurs entrailles de ciment. Au même moment, la guerre détruit leurs maisons, en Syrie. Peu à peu, les sons et les images de destruction et de reconstruction se mélangent dans une cacophonie onirique : un essai éblouissant sur le sens d’une vie en exil.

Débat animé par l’association interculturelle franco-syrienne logospher

Dimanche 8 avril – 17 h

Derrière les fronts propose un cheminement dans nos esprits et sur les routes de Palestine, en compagnie de la psychiatre psychothérapeute et écrivaine palestinienne Dr. Samah Jabr. Dans l’héritage de Frantz Fanon, psychiatre anticolonialiste, elle témoigne des stratégies et conséquences psychologiques de l’occupation et des outils des palestiniens(nes) pour y faire face et résilier. Des extraits de ses chroniques et interviews seront la tige principale d’un film aux multiples voix. Dans cette Palestine fragmentée, des palestiniens(nes) aux multiples identités, partagent leurs résistances et résiliences face aux blessures invisibles de l’occupation.

Débat animé par l’association France Palestine Solidarité Alsace (Martine Roblet, praticienne en psychothérapie)

 Dimanche 8 avril – 20 h

Un long été brûlant en Palestine

« Mon film raconte la guerre de l’été 2014 à Gaza, vue depuis la Cisjordanie.
Je tournais un film sur ma nièce Yara, sur les femmes et la vie quotidienne en Palestine. « J’ai 16 ans et j’ai déjà vécu trois guerres », a dit Farah Baker, une jeune fille palestinienne dans un tweet après le bombardement de sa maison à Gaza. Affligée, par son tweet, je savais que mon film allait prendre une autre direction. J’ai pris alors ma caméra et ait commencé à rencontrer des Palestiniens.
Dans mon film, on découvre à travers, un artiste, un boulanger, une paysanne, un fleuriste, un banquier ou encore une pilote automobile, comment ces personnes sont touchées par ce conflit dans leur vie quotidienne, leur solidarité envers Gaza tout en tentant de construire leur société malgré l’occupation et l’oppression. »

Norma Marcos est franco-palestinienne, elle est scénariste, réalisatrice et écrivaine

Débat animé par l’association France Palestine Solidarité Alsace (Guy Peterschmitt)