Tout comme dix de ses confrères scénaristes, tout autant que réalisateurs et producteurs, Dalton Trumbo fut une victime de la paranoïa anticommuniste qui saisit les Etats-Unis, sous le triste patronage du « House Un-American Activites Commitee », et la férule de son principal sectateur, un certain Joseph McCarthy.

Le réalisateur Jay Roach restitue dans son film éponyme la lente disgrâce de ce scénariste hollywoodien prolifique et multi-oscarisé, l’un de ceux qui eurent le plus à pâtir de l’hystérisation de la vie politique américaine sous l’ère Eisenhower, obnubilée alors par le fantasme de l’invasion soviétique et l’atteinte à ses valeurs cardinales.

Campé par un formidable Bryan Cranston (que l’on a découvert dans la série « Breaking bad ») tour à tour matois, tyrannique et intensément humain, Dalton Trumbo cultive avec ferveur le vaste sillon des thrillers politiques à l’américaine, tout en en creusant la veine du « biopic ». Un tantinet académique par son traitement, il vaut surtout pour être une convaincante étude de caractère, interrogeant la valeur de la rectitude morale et de la force de conviction en milieu (très) hostile. Servi par des dialogues habilement ciselés et une mise en scène tirée au cordeau, Dalton Trumbo peut-être vu comme une ode au courage et à la fraternité, passés par pertes et profits au milieu des survivances idéologiques américaines les plus rétrogrades, dont le candidat à la Maison blanche Donald Trump est la toute dernière manifestation.

 

« Dalton Trumbo »

Réalisation : Jay Roach

Avec : Bryan Cranston, Diane Lane, Helen Mirren…

Durée : 124 min.

A voir notamment au Palace à Mulhouse et au Colisée à Colmar.