Cette image a été récupérée mercredi dernier sur un tweet d’Antonio Casilis évoquant un «sondage qui donne froid dans le dos— surtout à cause des questions que l’enquêteur s’autorise».
Et pour quel objectif ces questions, pourrait-on ajouter ? Des mesures pour lutter contre l’extrémisme religieux. A partir de quand est-on un extrémiste en religion ?
Les questions insidieuses ont été encadrées par A Casilis. Elles sont extraites d’une enquête d’opinion Ipsos/Sopra-Steria pour Le Monde et Europe réalisée auprès de 1 003 personnes, qui ont été interrogées par Internet les 21 et 22 janvier 2015.
Je trouve formidable cette capacité à avoir une opinion sur tant de choses sans même savoir précisément de quoi il retourne dans les questions. Au terme de ce procédé, le journal Le Monde affiche que les Français plébiscitent le tout sécuritaire. Est-ce ce qu’il fallait démontrer ?
53 % des (1003) Français pensent que nous sommes en guerre (qu’entendent-ils par là ?) et sont même, parait-il, prêts à en découdre (contre qui ?). Ils sont encore plus nombreux, entre 60 et 70% (notre image) à accepter de sacrifier leurs libertés individuelles. Mais est-on bien sûr de leur avoir posé la question en ces termes ? Bien sûr que non mais il y a là comme un test pour savoir jusqu’où ils seraient prêts à aller vers un Patriot Act à la française (voir notre glosssaire) et nul doute que des mesures de ce genre se préparent, et ce ne sont pas les seules, tant à Paris qu’à Bruxelles.
S’installe ainsi une atmosphère lourde qui conduit à la honte qu’un enfant de 8 ans, en CE2, puisse être entendu par la police pour «apologie du terrorisme» sur signalement de son directeur d’école alors que rien ne justifie son audition. Il n’y a pas de sondage sur la question mais on peut s’inquiéter de la mentalité qui s’installe car la justification est bien sûr celle de la détection précoce hier de la délinquance, aujourd’hui du terrorisme.

Bernard Umbrecht