Charlie Hebdo est né d’une censure politique. En 1960, les joyeux François Cavanna et Georges Bernier, alias professeur Choron, ont créé le magazine satirique Hara-Kiri, sous titré « journal bête et méchant ». Il apparaissait comme une bouffée d’oxygène dans une presse qui, dans l’ensemble, se montrait docile devant le pouvoir gaulliste exerçant une mainmise totale sur l’audiovisuel.
Hara-Kiri fut interdit pour son fameux titre « Bal tragique à Colombey : 1 mort », à la une de son numéro qui a suivi la mort du général de Gaulle le 9 novembre 1970 à Colombey-les-Deux-Églises. Le titre parodique se référait à l’incendie du dancing Le Cinq-Sept qui avait fait 146 morts, le 1er novembre précédent à Saint-Laurent-du-Pont dans l’Isère. Plusieurs journaux s’étaient lancés après ce drame dans une macabre surenchère du sensationnel en parlant de « bal tragique ».
Une semaine après l’interdiction de Hara-Kiri, par le ministre de l’Intérieur Raymond Marcellin, l’équipe du magazine lançait son nouveau journal, Charlie Hebdo. Le dessinateur Georges Wolinski, qui fait partie des victimes du massacre du 7 janvier dernier et qui sévissait déjà tout comme Cabu dans Hara-Kiri, a raconté que le nom de Charlie venait du prénom du général de Gaulle.

Jean-Marie Stoerkel